Page:Sand - Tamaris.djvu/135

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vous ne craignez pas les femmes franchement irritées ?

— Pourquoi me demandez-vous cela ?

— Parce que j’ai vu ce matin une autre de vos victimes qui me paraît plus fâcheuse encore que mademoiselle Roque.

— Vous plaisantez ?

— Non. J’ai vu la Zinovèse. Savez-vous qu’elle est très-malade ?

— Au diable le médecin ! Qu’alliez-vous faire là ? Elle vous a parlé de moi ? elle a eu la folie de me nommer ?

Je lui racontai toute l’affaire sans lui dire un mot de la marquise, et, quand il sut que le bon Marescat était seul avec moi en possession de son secret, il se calma et me parla ainsi :

— Cette Monaquoise était une beauté incomparable, et je suis sensible à la beauté plus que je ne peux le dire. Elle était coquette. Rien ne ressemble à une femme qui veut aimer comme une femme qui veut plaire. Une coquette ressemble également beaucoup à une femme de conscience large et de mœurs faciles. J’y fus trompé. Je crus qu’on ne me demandait qu’un effort d’éloquence et un élan de passion pour succomber avec grâce. Est-ce ma faute, à moi, si, croyant rencontrer une aventure, je tombe dans une passion ? Vous voyez que je ne suis pas un fat. Plus la Zinovèse me disait que j’étais sa première et unique