Page:Sand - Tamaris.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une bonté et une droiture remarquables. Je connus ses ressources ; je vis qu’il était le plus aisé et le plus considéré de son poste, qu’il adorait sa femme, qu’ils avaient des enfants charmants, que la Zinovèse jouissait d’une réputation de sagesse, et que j’arrivais comme un fléau, comme un voleur, si vous voulez, dans l’existence de ces gens-là. Je me jurai à moi-même de ne pas amener une catastrophe, et je ne revis la Zinovèse que pour lui faire mes adieux, lui donner ma parole d’être à tout jamais à son service en quelque détresse de sa vie que ce fût ; mais, comme je n’avais jamais songé à la disputer à ses devoirs de famille, je la conjurai d’y revenir et de m’oublier. Elle me fit des menaces ; elle m’en fait encore, soit ! ceci ne m’occupera pas plus que tous les autres périls dont la vie se compose, depuis la chute d’une pierre sur la tête jusqu’à une attaque de choléra ; mais me voilà fort inquiet de sa santé, que je ne savais pas si compromise. Croyez-vous réellement que le chagrin en soit la cause ?

— Je le crois, surtout parce que le chagrin agit sous forme de colère perpétuelle et de soif de vengeance.

— Mais enfin ce n’est pas moi qui l’ai rendue méchante ? Elle l’a toujours été ; je l’ai vue ainsi dès le premier jour.

— C’est possible, et vous n’en êtes que plus à blâmer. On doit plaindre les méchants et s’efforcer