Page:Sand - Tamaris.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’année pour s’exposer de nouveau au climat de Paris. Il suivait ma prescription ; il s’établissait là pour deux mois encore et me rendait ma liberté, dont, au reste, la privation s’était peu fait sentir, grâce au commerce agréable de mon vieux ami et au charme du voyage. Ayant quelques intérêts à surveiller en Provence, une petite succession de famille à liquider pour le compte de mes parents, établis en Auvergne, je m’arrêtai à Toulon et j’y passai trois mois, durant lesquels se déroulèrent les événements intimes que je vais raconter.

M. de la Rive ayant déjà fait un séjour forcé de plusieurs semaines dans cette ville au début de son voyage, je m’étais lié avec quelques personnes, et le pays ne m’était pas complètement étranger. Parmi ces amitiés passagèrement nouées, il en était une dont le souvenir m’attirait particulièrement, et j’appris avec un grand plaisir, dès mon arrivée, que l’enseigne la Florade était passé lieutenant de vaisseau, et se trouvait à bord du navire de guerre la Bretagne, dans la rade de Toulon. La Florade était un Provençal élevé sur la mer et débarrassé en apparence de sa couleur locale, mais toujours Provençal de la tête aux pieds, c’est-à-dire très-actif et très-vivant d’esprit, de sentiments, de caractère et d’organisation physique. C’était pour moi un type de sa race dans ce qu’elle a de meilleur et de plus distingué. J’ai connu peu de natures aussi heureusement douées. Il était plutôt