Page:Sand - Tamaris.djvu/171

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tout en gravissant la pente, je cherchai une clairière pour m’orienter.

Au bout d’une heure de marche, je me trouvai auprès d’une tête blanche que je crus devoir être celle du mont. Je gagnai le pied de sa paroi verticale ; mais, là, je vis que c’était un simple contre-fort de la cime réelle, et que j’avais une clairière à traverser pour atteindre celle-ci. La clairière franchie, la cime n’était qu’un autre contre-fort. Cette longue terrasse lisse et montant en ligne douce vers la brisure de la montagne, cette surface blanche et plane que j’avais vue d’Hyères et de Tamaris, et que, du pied même du Coudon, on croit voir encore, offrait une suite de créneaux assez réguliers séparés par des vallons. J’en traversai ainsi une demi-douzaine, tous plus jolis les uns que les autres et semés de massifs très-frais percés de roches bien pures, et tapissés tantôt d’un beau gazon, tantôt de grandes plaques de sable lin piétinées par les loups, qui vivent là fort tranquilles, à une lieue à vol d’oiseau au-dessus du grand mouvement et du grand bruit de la ville et de la rade de Toulon.

J’avais laissé loin derrière moi les dernières huttes des charbonniers de la forêt ; j’étais en plein désert par une soirée magnifique. Ma vue était complètement enfermée par les créneaux successifs de la montagne ; mais, abrité de tous les vents, je respirais un air souple et délicieux. Ma tristesse s’en