troisième, je te consulte, et ton opinion fera la mienne.
Cette fois, je ne devais point être arrêté par un vain scrupule. J’avais un devoir trop sérieux à remplir : je rappelai au baron le portrait, bien fidèle que, sans le nommer, je lui avais tracé de la Florade dans mes lettres. Je soumis à son jugement le bien et le mal que je pensais de son caractère, je lui racontai l’histoire de la Zinovèse et plusieurs autres qui m’avaient été dites à bord de la Bretagne et à Hyères. Selon la chronique, la Florade avait plu à beaucoup de femmes, et ne s’était abstenu d’aucune ; il avait des victimes éplorées sur tous les rivages de l’Océan et de la Méditerranée. Les maris cachaient leurs femmes, et les pères leurs filles à son approche. Tout cela, dans le pays de l’exagération, était exagéré sans nul doute ; mais il n’en ressortait pas moins une légèreté de conduite et une facilité d’embrasement qui me paraissait à redouter dans le mariage, ou une mobilité d’imagination qui, à mes yeux, contrastait péniblement avec la dignité et la pureté de cœur d’une femme comme la marquise.
— Tu as raison, tu as raison ! répondit le baron, il n’y faut point du tout penser.
Cela était facile à dire ; mais qui nous prouvait que la marquise n’avait point pensé déjà ? Je n’osai pas émettre ce doute ; il ne m’appartenait pas de veiller sur cette femme et d’épier les secrets de sa