Page:Sand - Tamaris.djvu/241

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esprit soumis au sien pour tout ce qui vous concerne.

— Vous n’avez donc aucune amitié particulière pour moi ?

— Ah ! madame !… Pardonnez-moi, mais la question est trop grave et trop délicate.

— Pas pour un homme comme vous. Je vous place dans mon estime à la hauteur de cette question-là, et je vous demande d’avoir une opinion à vous tout seul ; si elle est contraire à celle de notre ami, je ne dis pas qu’elle aura plus de poids que la sienne ; mais je pèserai l’une et l’autre, et ma conscience mieux éclairée prononcera plus clairement. Parlez.

— Eh bien, madame, laissez-moi vous interroger d’abord… tenez, en médecin. Croyez-vous à l’empire sérieux des passions ?

— Sur l’honneur, je n’en sais absolument rien.

— Alors vous n’y croyez pas, car vous sauriez bien s’il faut y croire.

— Attendez. J’aime mon enfant avec passion pourtant.

— Pourriez-vous aimer quelqu’un autant que lui ?

— Autant… non, mais autrement, peut-être.

— Peut-être plus ou peut-être moins ?

— Si ce quelqu’un-là aimait aussi mon Paul avec passion, je ne sais pas où s’arrêterait l’enthousiasme de ma reconnaissance.