Page:Sand - Tamaris.djvu/243

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vérité, il la tient déjà, et l’amour y entrera en pleine lumière.

— Comment peut-on chercher autre chose qu’un amour vrai ?

— On le cherche rarement, parce qu’on l’éprouve rarement soi-même. On prend si souvent pour de l’amour des instincts ou des passions qui sont tout le contraire ! Mais soyez certaine que, quand on aime avec l’unique passion de rendre heureux l’être aimé, sans songer à soi-même, à ce que les autres en penseront, au profit, plaisir ou gloire qui vous en reviendra, on est dans la vérité. Voilà du moins ce que je pense. Ayant, comme vous, passé ma vie sans connaître et sans pouvoir chercher l’amour, je ne peux vous apporter le tribut de l’expérience.

— Alors nous sommes tous ici sans expérience, car le baron n’a jamais aimé non plus. C’est peut-être Nama qui aime ? Et quand j’y songe, cette passion de chien fidèle qu’elle a pour la Florade, ce dévouement aveugle, tranquille, soumis, qui n’est ni amour ni amitié…

— Prenez garde, c’est un instinct fanatique dans une intelligence sans clarté, et ces engouements-là ne viennent pas sans motif dans les têtes bien saines. Je ne veux pas dire que la Florade en soit indigne ; mais elle le connaît si peu et elle est si incapable de l’apprécier, qu’elle eût pu en aimer tout autant un autre sans savoir pourquoi.