Page:Sand - Tamaris.djvu/32

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travers les chênes-liéges, les pins et les innombrables touffes de bruyère arborescente qui commençaient à ouvrir leurs panaches blancs. Nous atteignîmes le sommet de la colline, et je contemplai une autre vue moins gracieuse, mais plus immense que celle de Tamaris, toute la chaîne calcaire des montagnes de la Sainte-Baume, la petite rade de Toulon et la ville en face de moi, à l’ouest une échappée sur les côtes pittoresques de la Ciotat.

— Montrez-moi la batterie des hommes sans peur, dis-je à M. Pasquali.

— Ma foi, répondit-il, j’avoue que je ne sais pas où elle est, et je doute que quelqu’un le sache aujourd’hui. Les bois abattus à l’époque du siége de Toulon ont repoussé, et, par là-bas, car ce doit être par là-bas, au sud-ouest, il n’y a que des sentiers perdus.

— Cherchons.

— Ah ! bah ! que voulez-vous chercher ? Les paysans ne vous en diront pas le premier mot. Vous ne vous figurez pas comme on aime peu à revenir sur le passé dans ce pays-ci.

— Oui, trop de passions et d’intérêts ont été aux prises dans ces temps tragiques. On craint de se quereller avec un ami dont le grand-père a été tué par votre grand-oncle, ou réciproquement.

— C’est précisément cela.

— Mais, moi, repris-je, moi qui n’ai eu ici personne