Page:Sand - Tamaris.djvu/44

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demi enterrée au beau milieu d’un champ de blé : ni cour ni jardin ; une façade sans entrée, soudée à un appendice complètement aveugle. En revanche, la façade avait quatre gros yeux carrés ; mais, en regardant mieux, je reconnus que trois de ces fenêtres étaient peintes, et qu’une seule, fermée d’un volet, pouvait s’ouvrir.

Je ne sais pourquoi il est de ces gîtes insignifiants qu’on prend en horreur rien qu’à les regarder de loin et à rêver qu’on pourrait être forcé par un accident d’y entrer et d’y mourir.

— En voici un, pensai-je, où je voudrais mourir vite par exemple ! Quelle créature humaine abandonnée du ciel et des hommes peut donc s’être résignée à vivre là, et quel insensé a pu faire édifier à ses frais une pareille demeure ?

Les Provençaux sont fiers de leurs bastides, parce qu’ils ont les matériaux à discrétion, et que leurs yeux ne sont jamais attristés par les chaumes moussus et les pignons pittoresques du vieux temps français. Depuis l’époque gallo-romaine, je crois qu’ils ont toujours dû bâtir à l’instar caricaturé des villas de la campagne de Rome. Il semble que le moyen âge et la renaissance n’aient point passé par là, et que, de temps immémorial, on ait gardé, en l’abêtissant de plus en plus, la tradition imposée par la conquête. On a perdu l’art des parties en relief. Il était plus facile et plus prompt de percer les ouvertures