Page:Sand - Tamaris.djvu/49

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je vis que c’était une négresse d’un âge très-avancé et vraiment hideuse.

— Moi madame donc aujourd’hui ? dit-elle d’un ton grondeur. Vous plus aimer personne ici donc ? Vous méchant de plus jamais venir ! Maîtresse toujours pleurer !

En me tenant cet étrange discours, la vieille Africaine, presque aveugle, marchait devant moi vers un horrible escalier noir.

— Vous vous trompez sûrement, lui dis-je. Je ne connais personne ici ; je suis un passant qui vient vous demander le nom…

Elle ne me laissa pas achever, et, donnant les signes de la plus grande terreur, elle fit entendre des cris inarticulés. Ne pouvant lui faire comprendre que je n’étais pas un voleur, j’allais me retirer, lorsqu’un petit chien furieux, s’élançant par l’escalier, vint ajouter au ridicule de la scène.

— Qu’est-ce qu’il y a donc ? cria d’en haut une voix dont le timbre doux et voilé contrastait avec la rudesse de l’accent provençal.

Et une très-belle jeune femme se montra comme une apparition dans le cadre noir de l’escalier. Dès que je lui eus expliqué, pour la rassurer, l’objet de ma demande, elle me regarda avec attention, et me dit :

— Ne seriez-vous pas le docteur *** ?

— Précisément.