Page:Sand - Tamaris.djvu/56

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bité d’autre maison. Je me trouve bien où je suis née. Je ne suis pas loin de l’église pour dire mes prières, et, quant à mon pauvre papa, je ne veux pas l’oublier.

Je trouvai une certaine grandeur d’âme dans cette stupidité de caractère, et, bien que cette fille de seize ans, qui paraissait en avoir vingt-cinq, n’exerçât sur mes sens aucune espèce de fascination, je me promis de la servir malgré elle du mieux que je pourrais.

— Est-ce que vous reviendrez ? me dit-elle en me reconduisant jusqu’au bas de l’escalier.

— Si cela peut vous être utile, oui.

— Ne revenez pas, reprit-elle sans aucun embarras. Je vous remercie d’être venu ; mais, une autre fois, si vous avez quelque chose à me dire, il faudra m’envoyer le vieux Pasquali.

— Ou vous écrire ?

— Oh ! c’est inutile, reprit-elle en souriant sans confusion aucune, je ne sais pas lire !

Je m’en allai stupéfait. Je venais de voir un être tout exceptionnel probablement, et comme une anomalie de type et de situation. Je m’expliquai ce phénomène en me rappelant que c’était la fille d’une sorte d’esclave amenée par un Turc ou un Persan à Marseille, et d’un homme atteint peut-être depuis longtemps de la monomanie la plus sinistre. Je m’expliquai pourquoi Pasquali m’avait dit d’elle :