Page:Sand - Tamaris.djvu/71

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— Ah çà ! qu’est-ce qui vous prend ? répondit-il en s’arrêtant à l’entrée du chemin de la Seyne à Balaguier. On dirait que vous avez de l’humeur. De qui êtes-vous, en ce pays si nouveau pour vous, le garde du corps ou le chevalier ?

Après l’échange de quelques plaisanteries un peu acides, il me prit le bras en me disant :

— Mon cher docteur, il y a ici un quiproquo ; je n’ai été hier qu’à Tamaris, et vous, vous avez été aujourd’hui ailleurs qu’à Tamaris, n’est-ce pas ?

La lumière se fit.

— Ah ! m’écriai-je, c’est de la bastide Roque que vous venez ?

Comme il s’en défendait, je lui racontai l’indiscrétion de la négresse, les propos des paysans et la coïncidence d’un personnage mystérieusement emmitouflé avec l’accoutrement dont il venait de se débarrasser. Il rêva quelques instants, et, regardant sa montre :

— J’ai encore une heure de liberté, dit-il ; et vous ?

— Et moi aussi.

— Voulez-vous que nous prenions par ici, à droite, un sentier qui nous reconduit au pied du fort ? La promenade est jolie, et je pourrai causer avec vous.

Nous traversâmes un champ et gravîmes le revers de la colline qui regarde l’ouest par un escalier dans des schistes lilas, à travers les arbres et les buissons.