Page:Sand - Tamaris.djvu/98

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qu’ils tendaient à se fixer à la pointe du cap et qu’ils abandonnaient la chapelle. C’est la chapelle qui devint notre point de mire et notre but.

Les schistes violacés et luisants de la montagne, recevant le soleil d’aplomb, brillaient comme des blocs d’améthyste. Un instant après, tout s’éteignit. Nous entrions dans l’ombre de la grande falaise déchirée, brisée en mille endroits, aride, sauvage et solennelle. Marescat se disputa avec moi pour porter le petit Paul, qui ne voulait être porté par personne. Madame d’Elmeval marchait d’un pas égal et soutenu.

Au pied de la chapelle, le précipice est vertigineux. On plonge à pic et parfois en encorbellement sur la mer. La paroi est très-belle : des brisures nues traversées tout à coup par des veines de végétation obstinée, des arbres nains, des astragales en touffes énormes, des arbousiers et des asphodèles qui s’accrochent avec une rage de vie à d’étroites terrasses de sable et de racines prêtes à crouler avec les assises qui les portent. C’est un spectacle désordonné, une fantaisie vraiment grandiose. Sous nos pieds, le jardin du sacristain, c’est-à-dire quelques mètres de terre cultivée en légumes avec une dent de rocher pour support et une échelle pour escalier, fit beaucoup rire le petit Paul et son ami Marescat. À notre gauche, le cap Sicier précipitait dans la mer son profil sec, dentelé en scie, d’une hardiesse ex-