Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/133

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MADEMOISELLE BÉJART.

Et moi, je me prépare fort à tenir mon rôle à la main.

MADEMOISELLE MOLIÈRE.

Et moi aussi.

MADEMOISELLE HERVÉ.

Pour moi, je n’ai pas grand’chose à dire.

MADEMOISELLE DUCROISY.

Ni moi non plus ; mais, avec cela, je ne répondrais pas de ne point manquer.

MADEMOISELLE DE BRIE, à Molière.

Tant pis pour vous ! Il fallait prendre mieux vos précautions et n’entreprendre pas en huit jours ce que vous avez fait.

MOLIÈRE.

Le moyen de m’en défendre quand le roi me l’a commandé ?

MADEMOISELLE MOLIÈRE.

Cela est bel et bon, monsieur mon mari ; mais, si les rois demandent l’impossible…

MOLIÈRE.

Taisez-vous, ma femme ; vous êtes une bête ?

MADEMOISELLE MOLIÈRE.

Grand merci ! Voilà ce que c’est ; le mariage change bien les gens, et vous ne m’auriez pas dit cela il y a dix-huit mois.

MOLIÈRE.

Taisez-vous, je vous prie.

MADEMOISELLE MOLIÈRE.

Quant à moi, je ne m’en soucie point, et il n’y a ici de roi qui tienne. Je ne sais pas une parole de la pièce, et, si le roi n’est point content, qu’il s’en prenne à vous.

MOLIÈRE.

Ma femme, allons tout doucement, s’il vous plaît. Le roi n’est pas loin et pourrait vous entendre.

MADEMOISELLE MOLIÈRE.

Je n’en démordrai point. Si je n’ai pas de mémoire, le roi ne saurait m’en faire avoir, et je trouve que ce n’est point la