Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/167

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FRANÇOIS.

Ne pleure pas ; ça me gène pour entendre. Quelle méchante femme veux-tu dire ?… la Sévère ?…

CATHERINE.

Eh ! oui, Sévère la mal nommée, comme tu l’appelais dans le temps ; la vilaine créature à maître Blanchet, qui a ruiné le défunt, et qui, à présent, voudrait ruiner la veuve et l’enfant !

FRANÇOIS.

Je sais qu’elle le faisait boire, et que, quand il était comme ça tout enflambé de vin et de folie, elle lui faisait signer tout ce qu elle voulait. Je parie qu’elle dit qu’il est mort son débiteur ?

CATHERINE.

Elle montre un billet de quatre cents pistoles, et les gens de loi disent qu’il est bon ; mais, moi, je jurerais mon chrême et mon baptême qu’il a été payé ; car, trois jours avant de tomber malade ; notre maître lui a porté sur son cheval quatre gros sacs d’écus, je les ai vus ; et, depuis, il cherchait un papier, une quittance, qu’il disait avoir reçue ; et il est mort comme ça… parlant toujours de la chose dans son délire.

FRANÇOIS.

Ah ! c’est bon à savoir, ça ; mais comment la Sévère a-t-elle su que la quittance était égarée ?

CATHERINE.

Hélas ! mon Dieu, elle l’a su par une personne qui n’aurait pas dû le dire, mais qui a la langue aussi légère que la tête : par la petite Mariette, sœur du défunt.

FRANÇOIS.

Oh ! est-ce que cette jeunesse fréquente la Sévère ?

CATHERINE.

Que voulez-vous ! son frère l’y conduisait, et elle veut la marier avec Jean Bonnin, son neveu…

FRANÇOIS.

Comment ! ce petit Jean qui était si simple ?