sois là, pour vous donner protection et savoir qui, de vous ou de votre belle-sœur, est céans la fille à marier.
Votre neveu est venu ? Je ne le vois point.
Votre meunier l’a envoyé chez votre cousine Fanchon, disant que vous y étiez.
Je n’y étais point, et il le savait bien, puisqu’il épie tout ce que je fais.
Ah ! le champi s’est amusé à faire courir mon neveu comme ça pour se gausser de nous ?
Dites donc, Sévère, est-ce que vous penseriez, d’après cela et d’autres choses encore que je vous dirai, que notre meunier serait comme jaloux, comme amoureux de moi ?
Voyez-vous ce drôle ! il se permet aussi de vous en conter ? Vous ne me l’aviez jamais dit, Mariette.
Non, Sévère, il ne m’en conte point ; tout au rebours, il me contrarie et me reprend sur toutes choses. Il a une façon d’être avec moi, à quoi je ne comprends rien ; tantôt complaisant et amiteux, comme si nous étions frère et sœur ; tantôt grondeur et répréhensif, comme s’il se croyait mon oncle ou mon parrain.
Franchement, Mariette, ce païen de meunier vous a jeté un charme.
Eh bien, je crois que vous avez dit le fin mot, Sévère, c’est comme un charme qu’il a jeté sur moi ! Tant plus il me moleste, tant plus je suis obligée de penser à lui ! Les plus belles louanges des autres ne me font qu’un petit plaisir ; le moindre mot de lui me rend fière et me contente… Vous di-