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Scène VIII


JEAN BONNIN, MARIETTE.


JEAN.

Et à présent, demoiselle Mariette, voulez-vous me pardonner ce qu’il y a de mauvais en moi ?

MARIETTE.

Je n’ai rien à vous pardonner, Jean, car je n’ai pas de reproches à vous faire.

JEAN.

Mais, moi, j’en aurais un peu contre vous, et, si j’osais…

MARIETTE.

Dites ; je crois que vous ne pouvez point me fâcher.

JEAN.

C’est que le jour de notre mariage n’est pas fixé, et que, tout en me disant que vous ne le retarderez point, vous ne m’avez point l’air d’une personne qui se hâte.

MARIETTE.

Que voulez-vous, Jean ! puisque vous savez tout, pouvez-vous me blâmer d’attendre, pour être votre femme, d’être bien assurée que je ne pense pas à un autre ?

JEAN.

Mais puisque l’autre ne pense point à vous !

MARIETTE.

Ne me parlez plus de lui, Jean ; je n’ai rien à vous dire là-dessus, et cela doit s’arranger en moi-même avec le temps et l’assistance du bon Dieu

JEAN.

Oh ! je ne veux point vous tourmenter, et, pour ce qui est de vous, donnez-moi un bon soufflet, si je vous impatiente ; mais, pour ce qui est de François, j’en veux parler, vu que je n’ai point de dépit contre lui, et mêmement que je l’aime à cause qu’il ne vous aime point.

MARIETTE.

Eh ! vous m’impatientez ! qu’est-ce que vous en savez ?