Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/219

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MADELEINE.

Pour honnête homme, je l’ai toujours tenu pour tel ; pour homme d’esprit, j’ai remarqué, ces derniers temps, qu’il jugeait bien et ne manquait point de finesse. Si tu l’aimes, je l’aimerai. Mais, alors, quelle est donc celle que François préfère à ma petite Mariette ?

MARIETTE.

Vous le savez, ma sœur, vous le savez bien, et à présent nous le savons aussi ; oh ! n’en rougissez point !… vous méritez bien qu’on vous aime mieux que la petite Mariette, car vous êtes meilleure qu’elle, et, d’ailleurs, vous avez fait tant de bien à François, qu’il serait un ingrat s’il avait pu penser à une autre que vous.

MADELEINE.

Moi, moi !… (Elles se lèvent toutes les deux.) Est-ce que tu rêves, Mariette ?

MARIETTE.

Comment, vous ne le savez pas ?

MADELEINE.

Je le sais si peu, que je ne le crois pas.

MARIETTE.

Il n’avait jamais osé vous le dire, et vous n’en aviez seulement pas l’idée ! Et Sévère, qui disait… Oh ! méchante Sévère, que vous m’avez fait de mal !…

Jean Bonnin paraît dans le fond et appelle François du geste.
MADELEINE.

Allons, oublie-la, et n’écoute plus jamais ses menteries. Tu vois que tu peux encore ramener François.

MARIETTE.

Non, ma sœur, non, vous dis-je ; je suis trop fière pour continuer d’aimer qui ne m’aime point, et je vous aime trop pour ne pas vouloir que vous épousiez celui qui vous aime si bien et qui vous rendra si heureuse.

MADELEINE.

Épouser François, moi ! mais c’est une folie !