Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/275

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sylvain.

Non, mon père, je ne crois point vous offenser en vous disant que je veux tenir la conduite d’un honnête homme. Je ne me marierai point pour de l’argent. Je ne tromperai point une femme qui est bonne pour nous, pour tout le monde, et qui mérite d’avoir un homme qui l’aime franchement. Je ne dirai donc jamais à la Grand’rose que je l’aime. Je mentirais, et vous ne voudriez pas faire de votre fils un menteur.

fauveau.

Je ne peux pas te forcer là dessus ; mais je t’empêcherai d’épouser cette misère, cette loqueteuse de Claudie.

sylvain.

Pourquoi me parlez vous de Claudie ? Est-ce que je vous ai dit que je voulais l’épouser ?

fauveau.

Ta mère me l’a dit devant toi, et tu n’as pas dit non.

sylvain.

J’ai dit que si elle était aussi honnête qu’elle le paraissait, sa pauvreté était un mérite de plus, je n’ai dit que ça, mon père ; là-dessus, vous vous êtes enlevé, et le respect que je vous dois m’a empêché de continuer le discours que nous avions ensemble.

fauveau.

Et à présent que tu me vois plus tranquille, tu viens me dire que tu t’obstines contre moi ?

sylvain.

Non, mon père. J’ai réfléchi un moment, et j’ai vu que le mariage ne me convenait point.

fauveau.

Ce mariage-là ne te convient point, à la bonne heure, mon garçon, te voilà plus raisonnable ! J’avais pris la mouche un peu vite. Ne pensons plus à ça, Sylvain, pas vrai ?