Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/297

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claudie.

Je ne l’aurais pas souffert !

sylvain, même jeu.

Oh ! je sais que vous êtes fière et vaillante ! C’est à propos dans votre position !

claudie.

Un honnête homme et un bon chrétien aurait pour devoir de ne jamais me parler de ma position, et puisque vous n’avez pas le cœur de le comprendre, je vous défends de me dire un mot de plus.

sylvain, marchant à grands pas.

Oh ! je ne vous insulte pas, je vous plains !

claudie.

Gardez votre pitié pour qui vous la réclamera.

sylvain, même jeu.

Courage ! vous voulez qu’on vous respecte comme une sainte, pas vrai ?

claudie, lentement.

Le malheur qui ne se plaint pas a le droit de se faire respecter.

sylvain, cachant ses larmes avec un peu de dépit.

Le malheur qui ne se plaint pas, à des fois, ça ressemble à la honte qui se cache. M’est avis qu’on aurait mieux respecté votre malheur si vous ne l’aviez pas si bien celé.

claudie.

Maître Sylvain, les pauvres ont besoin de travailler. On repousse une fille dans ma position, comme vous dites, et pour trouver de l’ouvrage hors de chez moi, je suis condamnée à me taire.

sylvain, vivement.

Et à mentir !

claudie, hésitant.

À qui ai-je menti ? Personne ne m’a interrogée.

sylvain.

Si fait ! moi, je vous ai interrogée ici, ce matin.