Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/302

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dites ? Elle vous donnait de la jalousie ? Elle écoutait d’autres galants ? (Ici Claudie se lève elle prend la main de son père qui semble la protéger et la fait asseoir tout en regardant Denis.)

ronciat.

Non ! je n’irai point contre la vérité, malgré que je vois bien que vous forcez ma confession. Le tort est de mon côté. Claudie, je le dis devant elle, Claudie était sage, elle n’écoutait que moi et j’étais aussi sûr d’elle.

rémy.

Comment ! vous l’avez quittée sans sujet ?

denis.

Sans autre sujet que la crainte de devenir gueux en épousant une fille qui n’avait rien.

rémy.

Ah ! c’est vrai ! Elle n’avait plus rien. Cette tante riche dont elle devait hériter, a pris fantaisie de se marier sur ses vieux jours, au moment où vous alliez épouser Claudie. Et alors vous avez tout d’un coup changé d’idée. Je ne pouvais pas croire que ce fût la toute votre excuse ; mais puisque vous le dites…

denis.

Sacristi ! C’est vous qui me le faites dire !

rose.

Et vous ne pouvez pas le nier.

denis.

Eh bien, pardi ! bien d’autres auraient fait comme moi. Mes parents avaient de la fortune, mais ils travaillaient. Moi, on ne m’avait pas élevé à travailler. Amuse-toi, qu’on me disait, t’es riche, épouse qui tu voudras ; t’es fils unique. Tu seras bourgeois. Eh bien, j’ai eu l’ambition de vivre comme ça, je me suis dit en vous voyant ruinés qu’il me fallait, ou reprendre la pioche que mes parents n’avaient jamais pu lâcher, ou mettre la main sur une grosse dot pour me soutenir dans la fainéantise. Voilà mon tort, je le confesse, mais c’est comme ça. J’ai trahi l’amour pour la fortune, j’ai fait