Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/356

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ARMANDE.

Allez-vous point me le retirer ?

MADELEINE.

Oui, pour le donner à quelque pauvre. Vous ne devez point recevoir de présents.

ARMANDE, pleurant.

Voyez, Molière, c’est une tyrannie ! ma sœur me prend tout et me chicane en toutes choses.

MOLIÈRE, à Madeleine.

Amie, vous pouvez lui laisser ce jouet d’enfant. L’homme qui le lui envoie n’est point à craindre. Il y a trop loin de lui à nous pour qu’il ait dessein de se souvenir d’elle.

ARMANDE.

C’est donc un grand personnage ?

MOLIÈRE.

Plus que cela, c’est un très-grand homme.

DUPARC.

Vrai ? Je lui ai trouvé la mine d’un fou.

BRÉCOURT.

Et moi, celle d’un diable ! Je ne suis point un poltron, je crois avoir fait mes preuves ; eh bien, pendant que je croisais l’épée avec lui, ses yeux me lançaient des éclairs qui m’empêchaient de voir ceux de sa lame.

MOLIÈRE.

Brécourt, tu eusses peut-être bien fait de le tuer, qui sait ? mais les desseins de Dieu sont cachés, et j’ai senti comme une force supérieure qui m’obligeait à le préserver de tes coups.

ARMANDE.

Qui est-ce donc, mon Dieu ? Oh ! mon cher Molière, dites donc vite !

MOLIÈRE., regardant aux alentours.

Il est parti ?

PIERRETTE.

Oh ! il est loin !