petit chef de troupe courant les campagnes et jouant dans les granges plus souvent que dans les châteaux ! On vous rebutait, on vous rompait en visière, on vous traitait de bourru ! Et Dieu sait cependant que vous ne l’étiez point dans ce temps-là, pauvre cher homme ! Et, à présent que vous l’êtes devenu un peu, on vous flatte, on vous ménage.
Tu dis que je suis devenu bourru ?
Oh ! ce n’est point que je vous en veuille pour ça ! vous avez tant de mal ! Tenez, vous avez l’air fatigué.
J’ai l’air fatigué ? Donne-moi donc mes boîtes, que je m’arrange la figure.
Eh ! pas encore ! votre fard serait tout tombé avant que vous entriez en scène. Voyons, tenez-vous donc un peu tranquille. Asseyez-vous sur ce fauteuil. Étendez vos jambes. Savez-vous qu’il y a douze jours que nous sommes ici en fêtes et que vous n’avez point eu trois bonnes heures pour dormir par chaque nuit ?
Qu’est ce que cela fait ? Me prends-tu pour un vieillard ? Parce que tu as vingt-cinq ans, toi, comme Armande !
Vous n’êtes pas vieux ! mais vous avez la quarantaine, et vous n’êtes point jeune !
J’espère que si !
Mais non !
Mais si, te dis-je ! Tairas-tu ta peste de langue !
Ah ! voilà que vous devenez bourru !