Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/424

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MOLIÈRE.

Veux-tu outrager ma personne dans celle de ma femme ? Suis-je ton ennemi, l’objet particulier de ta haine contre le genre humain ?

DUPARC.

Mais, par la mordi ! tu es le seul homme…

MOLIÈRE.

Voyons, achève ! suis-je le seul homme, avec Brécourt, que tu estimes un peu ?

DUPARC.

Triple millions de… Je jure que… morbleu ! Molière, si tu croyais…

MOLIÈRE.

Oui, je croirai que tu me hais, si tu ne fais ce que j’exige !

DUPARC.

Ah ! sang du diable ! Je me jetterais dans la gueule de l’enfer pour…

BRÉCOURT, le poussant.

Jette-toi aux pieds d’Armande, dis-lui que tu es un sauvage, un bourru.

DUPARC.

Trente charretées de démons ! Je peux bien dire que c’est la première fois de ma vie que je fais des excuses à quelqu’un. En avez-vous assez, Armande, et me laisserez-vous longtemps faire la figure d’un sot ?

MADELEINE.

Eh ! ma bonne Armande, contente-toi des paroles qu’il peut s’arracher à lui-même ; rappelle-toi ton enfance, et ne romps pas, par dépit, le cercle sacré des vieilles amitiés de Molière.

ARMANDE, après avoir froidement contemplé Duparc à ses pieds, le relève avec une certaine grâce, et, s’adressant à Molière.

Molière, je me rends, et vous demande seulement d’abjurer solennellement ici votre jalousie. J’en suis offensée, et personne ne me respectera jamais, si vous n’en donnez l’exemple. Avouez vos torts, je suis prête à reconnaître les miens, et à souffrir encore, s’il le faut, toutes vos injustices.