Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/19

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ANTOINE.

Oui ! vous devinez bien et vous pensez plus juste que vous n’en avez l’air. Et il en résulte ?

VICTORINE.

Que je dois vous imiter en tout : ne pas avoir une idée, une volonté que vous n’approuviez, et avoir toujours votre exemple devant les yeux.

ANTOINE.

Ne perdez jamais cela de vue, et, à présent, si vous avez quelque affaire dans la maison, allez, je ne vous retiens pas.

VICTORINE, se levant.

Je vais voir si Sophie…

ANTOINE.

Vous ne vous déshabituerez pas de cette familiarité avec mademoiselle ?

VICTORINE.

Ah !… Et vous, mon papa, vous ne vous habituerez jamais à l’appeler madame ! Allons ! je vais voir si ma jeune maîtresse (à part, en remettant sa chaise à gauche), ma bonne amie (haut), n’a pas besoin de moi. Voulez-vous m’embrasser, mon père ?

Elle revient vers Antoine.
ANTOINE, la regardant avec intention.

Mérites-tu que je t’embrasse, là, du fond du cœur ?

VICTORINE.

Oui.

ANTOINE, la regardant bien.

Bien sûr ?

VICTORINE.

Oh ! bien sûr !

Il l’embrasse. Elle sort par le fond en le regardant avec tendresse.



Scène II

ANTOINE, seul.

Oui, c’est bien sûr. C’est une bonne âme, incapable de