Comment ? quoi ? mes apprentis ont été se coucher ?
Bien au contraire, ils viennent de dégager la vis de votre pressoir.
Eh bien, c’est une belle pièce, j’espère ?
Superbe !… Un vrai bijou ! Ça fend le cœur.
Quoi donc ? qu’est-ce qu’il y manque ?
C’est un malheur, il m’en coûte de vous le dire ! Il y manque deux pas !
Deux pas de vis ? Elle est trop courte ?
Non ; mais il y manque deux pas ! Ils ont sauté.
Eh bien, j’en étais sûr ! il y avait un défaut dans le cœur du bois ! Allons, c’est une pièce perdue !… Et ce n’est la faute à personne !
Eh bien, voisin, ça vous chagrine tant que ça ? Bah ! allons donc, un peu de courage, vous qui n’êtes pas un homme ordinaire ! Que voulez-vous ! il y a du guignon pour tout le monde… Je vous le disais bien, moi, qu’un accident pouvait vous retarder. Mais vous croyez toujours faire des miracles, vous ! Il n’y a que le ciel qui fasse des miracles, et il n’a peut-être pas été pour vous dans cette affaire-là.
Le ciel est toujours pour moi, et, s’il faut un miracle… il y aura un miracle, voilà tout ! Pierre ! qu’en dis-tu ? Perdrons-nous l’espoir, au moment de triompher de l’envie ?