Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/340

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Scène II


SUZANNE, NOËL, MAÎTRE VALENTIN.


MAÎTRE VALENTIN.

Reine ! ça vous étonne ? Vous ne savez donc pas que, pendant que vous alliez installer votre frère, votre père l’a chassée de chez lui ?

SUZANNE.

Chassée ?… Reine chassée par mon père ?… Ça n’est pas possible ! ça n’est pas vrai !

MAÎTRE VALENTIN.

Dame ! votre père est bon, mais il est méchant aussi. Il l’a rudoyée et déshéritée de ce qu’il avait promis. Voilà ce que vous lui valez avec votre belle intrigue ! Tout ça pour ménager la fantaisie de M. Pierre ! Un fou, un tyran, qui ne veut pas qu’une fille qui le refuse s’accommode d’un qui vaut mieux que lui… Tenez, vous êtes des gens bien drôles, vous autres ; on ne peut compter sur rien avec vous. Vous êtes tous des originaux dans votre famille, des philosophes, des potentats !

Suzanne, agitée, sort sans l’écouter.
NOËL.

Potentat vous-même, dites donc ! Qu’est-ce que ça signifie, des paroles comme ça ?

MAÎTRE VALENTIN.

Oh ! vous, allez au diable !… Si vous ne vous étiez pas trouvé là comme une grande pancarte en champ de foire, on aurait pu s’entendre.

NOËL.

Pancarte ! moi, pancarte ?… Ah ! c’est trop fort, ça, père Valentin, et, sans vos cheveux blancs…

MAÎTRE VALENTIN, levant son chapeau et s’approchant de lui avec colère.

Eh bien, touchez-y donc, à mes cheveux blancs, je vous en prie !