Scène II
Reine ! ça vous étonne ? Vous ne savez donc pas que, pendant que vous alliez installer votre frère, votre père l’a chassée de chez lui ?
Chassée ?… Reine chassée par mon père ?… Ça n’est pas possible ! ça n’est pas vrai !
Dame ! votre père est bon, mais il est méchant aussi. Il l’a rudoyée et déshéritée de ce qu’il avait promis. Voilà ce que vous lui valez avec votre belle intrigue ! Tout ça pour ménager la fantaisie de M. Pierre ! Un fou, un tyran, qui ne veut pas qu’une fille qui le refuse s’accommode d’un qui vaut mieux que lui… Tenez, vous êtes des gens bien drôles, vous autres ; on ne peut compter sur rien avec vous. Vous êtes tous des originaux dans votre famille, des philosophes, des potentats !
Potentat vous-même, dites donc ! Qu’est-ce que ça signifie, des paroles comme ça ?
Oh ! vous, allez au diable !… Si vous ne vous étiez pas trouvé là comme une grande pancarte en champ de foire, on aurait pu s’entendre.
Pancarte ! moi, pancarte ?… Ah ! c’est trop fort, ça, père Valentin, et, sans vos cheveux blancs…
Eh bien, touchez-y donc, à mes cheveux blancs, je vous en prie !