Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/342

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SUZANNE.

Ah !… J’en étais bien sûre, qu’il ne l’avait pas chassée !




Scène III

Les Mêmes, BIENVENU, traînant REINE par le bras.


BIENVENU, à ses apprentis, qui sont dehors, et qui ferment la grande porte derrière lui en repoussant un groupe de paysans.

Que personne n’entre encore ! Renvoyez les curieux ! Gardez la porte ! (Il entre et se promène à grands pas, regardant tout sans rien voir, gesticulant et traînant toujours Reine, sans savoir ce qu’il fait) A-t-on mis beaucoup de rubans ? Ah ! Suzanne, tu es là ! Cent aunes de rubans, s’il le faut ! Et ton frère, tu l’as vu ? La grappe est-elle sous la maye ? Il va bien ? il est tranquille ? — Et le câble ? Enroulez le câble ! Enlevez les copeaux !

NOËL, près du pressoir.

Tout est prêt, regardez, maître ! C’est propre, c’est gentil, j’espère ?

BIENVENU.

Ah ! c’est toi, mon garçon !… Oui, oui, ce n’est pas mal ! Ça a de l’œil.

NOËL.

Vous ne m’en voulez donc plus ? À la bonne heure !

SUZANNE, parvenant à s’emparer de Reine.

Ni à elle, n’est-ce pas ?

BIENVENU.

Lui ? Elle ? Pourquoi ? — Ah ! si fait, à propos ! Tiens, Suzanne, oui, garde-moi cette fille-là ! Flanque-la dans un coin, en pénitence comme un mauvais sujet, un mauvais cœur ! Je ne veux pas qu’elle danse ce soir. Voyez comme elle est faite ! Au lieu d’avoir mis son habit de taffetas pour me faire honneur, la voilà en sarrau de vendangeuse, pour me faire