Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FLAMINIO.

Tiens, c’est vrai ! je n’y pensais plus ! Vous me devez quelque chose, vous !

LE DUC.

Je te dois trois mois d’appointements, depuis notre malheureuse campagne d’Autriche.

FLAMINIO.

Ah ! une rude campagne ! contre des oreilles barbares qui ne voulaient pas comprendre l’italien.

LE DUC.

J’ai fait là de mauvaises affaires ; mais avoue que ce n’était pas ma faute !

FLAMINIO.

Certes, vous étiez un imprésario très-actif et très-équitable, quand vous pouviez !

LE DUC.

Que pouvais-je faire avec des acteurs si mauvais !

FLAMINIO.

C’est vrai, nous étions bien mauvais !

LE DUC.

Je ne dis pas ça pour toi. Tu aurais pu faire merveille ; mais tu étais si paresseux !

FLAMINIO.

C’est encore vrai : alors, vous ne me devez rien ?

LE DUC.

Si fait. Je penserai à toi. Mais, pour le moment, je n’ai pas le sou.

FLAMINIO.

Ah ! celui-là, je le connais. C’est votre mot favori !

LE DUC.

Que veux-tu ! la chance m’a toujours trahi ! et, depuis que je suis grand seigneur, je suis plus gueux que jamais. Je plaide, et, de tous les biens que je croyais tenir, il n’y a que mon nom qui ne me soit pas contesté. Un nom ! on ne vit pas avec ça ! mes revenus sont consignés, les marchands de chicane me rongent, mon crédit s’use… Et… tiens, si je te di-