Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/246

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HERMAN, l’arrêtant doucement, en remontant.

Attendez, mon père ! c’est peut-être tout simplement un voisin fort distrait qui croit être entré chez lui ; laissez-moi l’interroger. (À Favilla, avec politesse.) J’ai l’honneur de parler… peut-être… à M. le conseiller ?…

FAVILLA, souriant avec tristesse.

Baron, baron, mon cher enfant, si vous tenez à cela ; mais, moi, je n’y tiens guère.

HERMAN, de même.

Vous êtes établi dans les environs ?… propriétaire de… ?

FAVILLA.

Eh ! mais, du château de Muhldorf, comme vous voyez.

KELLER, stupéfait, redescendant.

Du château de Muhldorf ?

FAVILLA.

Hélas ! oui, mon cher ; hélas ! oui.

KELLER, indigné, le toisant.

Du château de Muhldorf ?

FAVILLA.

Ah ! ne m’en faites pas compliment, mes amis : il me coûte assez cher.

KELLER.

Où donc, et quand l’avez-vous acheté ?

FAVILLA.

Je ne l’ai point acheté… Il m’a été donné par mon meilleur ami, un grand artiste, allez, et un grand cœur !

KELLER.

Ainsi, vous prétendez être l’héritier du baron de Muhldorf, mon oncle ?

FAVILLA, se levant.

Votre oncle, vous dites ?… Il n’avait qu’un neveu… un neveu de sa femme… qui s’appelait Keller, je crois ; c’est vous ? Ah ! j’en suis charmé. (À Herman, en le regardant avec intérêt.) Et vous, vous êtes ?

HERMAN.

Herman Keller.