encore, tu ne me ferais pas l’injure de me refuser… Ou bien, je croirais que tu ne m’estimes plus !…
Tais-toi ! tais-toi ! mauvaise tête bien-aimée ! ne plus t’estimer ! Est-ce qu’on dit de ces choses-là ?
Pardonne-moi, mais conviens que tu ne l’as plus, notre petite fortune. Mon père…
Oui, ton père l’a trouvée et donnée.
Mon bon père ! il se croit riche !… C’était un an de travail. Eh bien, cela lui a procuré un moment de bonheur ! Ne le regrettons pas ! J’emprunterai… à Frantz !… Je suis sûr de pouvoir lui rendre bientôt… et nous nous en irons, avant que Juliette se doute…
Il est trop tard, va ! Juliette sait déjà qu’elle est aimée.
Déjà ! et comment donc ?
Je l’ignore ; mais je t’assure que, d’aujourd’hui, elle le sait.
Elle t’en a parlé ?
Hélas ! non : mais tout à l’heure, comme nous étions ensemble dans la serre, vous passiez dans le jardin, Herman et toi ; elle s’est penchée dehors, et, quand elle s’est retournée vers moi… elle n’était plus la même ; il y avait dans ses yeux, dans sa voix, dans tout son être, quelque chose gui m’a épouvantée.
Alors… il faut qu’elle s’éloigne d’ici… avec moi… Oui, je l’emmènerai ; nous dirons à mon père qu’elle le désire.
Le séparer d’elle !… Ah ! c’est bien cruel pour nous tous !