Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/296

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MARIANNE, venant du fond, et voyant Keller, qui s’est un peu effacé pour la laisser entrer sans méfiance.

Pardon, monsieur…

Elle veut se retirer.
KELLER, barrant la sortie, sans affectation.

Oh ! soyez sans inquiétude, madame ! Écoutez-moi ; je ne suis pas un séducteur, que diable ! loin de là !… je suis si gauche, que je ne me suis pas fait comprendre tantôt. Vous aurez cru…

MARIANNE.

N’en parlons plus, monsieur ; je vous fais ici mes adieux, et j’accepte vos excuses

KELLER.

Mes excuses ?… Je ne crois pas avoir été inconvenant ; et vos adieux… je n’en veux pas.

MARIANNE.

Pardonnez-moi… nous ne vous demandons plus qu’une heure, pour accomplir ici un dernier devoir ; après quoi…

KELLER.

Comment ! ce soir ? ce soir même ?… sans vouloir entendre à rien ? Ce n’est pas votre dernier mot ! Et votre fille, vous ne l’aimez donc pas ?

MARIANNE, avec fermeté.

Monsieur Keller, me demandez-vous la main de ma fille pour votre fils ? Répondez.

KELLER, souriant.

Ah ! enfin ! convenez que vous ne me refuseriez pas…

MARIANNE.

Répondez, je vous en prie.

KELLER.

Répondez !… répondez !… Vous me faites perdre la tête, et je ne peux pas m’expliquer comme ça… Vous avez une manière de traiter les affaires sérieuses, vous autres ! Je ne suis pas un poëte, moi, un bel esprit, pour faire deviner… des sentiments…