Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/345

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STÉPHENS, se levant.

Une plaisanterie avec vous, Lucie ? Si j’avais commis un pareil crime,… je serais capable de me brûler la cervelle… oui, là, tout de suite.

LUCIE., effrayée.

Ah ! mon Dieu !

STÉPHENS.

Une divagation à cause de vous, Lucie ? Non ! Il n’y a rien de plus raisonnable que de vous aimer, et les fous sont ceux qui passent à côté du bonheur sans s’y attacher résolument, énergiquement, passionnément. Je suis un homme honorable, indépendant, riche, sérieux, enthousiaste… oui, enthousiaste ! Vous ne dépendez de personne, vous ne pouvez être protégée ni secourue par personne. C’est moi qui me charge de votre dignité… de votre félicité… de votre honneur. Voilà, j’ai dit ; venez !

Il remonte.
LUCIE.

Mais non, monsieur, je ne veux pas vous suivre, moi.

STÉPHENS.

Si fait ; vous m’avez promis de me croire, vous devez me croire. Je vous ai donné ma parole d’honnête homme, vous n’en pouvez pas douter sans me faire injure. Il prend son chapeau et son manteau.

LUCIE.

Que voulez-vous donc faire ?

STÉPHENS.

Vous prouver que ma demande est sérieuse. Une chaise de poste est là qui nous attend, et nous partons tout de suite.

LUCIE, à part.

J’ai envie de rire, et pourtant j’ai peur ! (Touchant à la porte d’Adrien. — Haut.) Adrien !… Adrien !…