Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/117

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c’est vous, Jacques, vous envers qui j’ai été ingrat… vous qui je ne suis plus rien… vous qui… ? Ah ! je me souviens !… pardon, pardon, mon ami, j’avais tout oublié ! Pardonnez-moi l’ivresse de mon bonheur !

LA HYONNAIS.

J’ai fait mon devoir envers mon père, à qui j’avais juré de ne pas vous abandonner, et envers… moi-même, car je viens dire adieu à Françoise et à vous, comme je m’y étais engagé, Henri. Adieu !…

FRANÇOISE.

Jacques ! restez !…

LA HYONNAIS.

Non, je ne puis !

LE DOCTEUR.

Restez, c’est elle qui vous en prie.

FRANÇOISE.

Monsieur de la Hyonnais, donnez-moi votre main !… elle est glacée ! laissez-la dans les miennes.

LA HYONNAIS.

Françoise !… ah ! vous me tuez !… Adieu !

FRANÇOISE.

Non, ne me retirez pas cette main loyale et pure, qui m’a soutenue dans ma douleur et qui s’est étendue entre moi et le désespoir… Ne rougissez pas de ces larmes qui vous échappent ; vous avez vu couler les miennes, et, pour les calmer, vous avez eu l’éloquence du cœur ; vous m’avez vue faible, brisée, et vous n’avez maudit ni ma faiblesse ni celle de l’homme que je pleurais ! vous l’avez servi, relevé, comblé, lui ! Pour cela, je vous bénis, et j’appelle sur vous la bénédiction de mon père !

FRANÇOISE.

Mon Dieu ! que dites-vous ?

HENRI, descendant.

Françoise !

LE DOCTEUR.

Parle, ma fille, dis-leur tout.