Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/156

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sieur, si vous tenez vos promesses en amour comme en guerre, celle que vous aimerez sera bien heureuse !

Elle passe devant Roland, qui est immobile.
ROSALINDE, ôtant sa chaîne d’or.

Portez ceci pour l’amour d’une jeune fille brouillée avec la fortune, et qui donnerait davantage si elle avait davantage. (Roland reçoit la chaîne que Rosalinde lui met dans la main ; puis elle passe derrière lui. — À Célia.) Viens-tu, cousine ?

CÉLIA, gracieuse, à Roland.

Adieu, beau cavalier !

Roland reste immobile.
ROSALINDE, à Célia.

Je crois qu’il nous rappelle ! (À Roland, revenant.) Vous disiez, monsieur ?… Vous avez bien lutté, monsieur, et vaincu un homme… (à part) c’est-à-dire une femme… (haut) qui ne s’y attendait pas !

Elles sortent par la gauche. Jacques reparaît au fond.
ROLAND, à part.

Ô malheureux que je suis ! Ne pouvoir lui dire un mot ! Dans quel état suis-je donc, que ma langue se refuse… ? est ce l’effet de la lutte ? Ne pouvais-je dire, au moins : « Je vous rends grâces… ? » Elle m’aurait parlé encore.

Il essaye d’aller vers Rosalinde et s’arrête.




Scène X


JACQUES, ROLAND, ADAM, venant de droite.


ADAM, bas, à Roland.

Monsieur, il n’y a pas de sûreté pour vous ici. Le duc est, dit-on, très-irrité de vous y avoir vu remporter l’avantage…

ROLAND, sans l’écouter, baisant la chaîne.

Ô céleste !… céleste Rosalinde !

ADAM.

Écoutez-moi, monsieur ! J’ai servi fidèlement votre père ;