Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/250

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MARGUERITE.

À Luny ?… Non, il m’a promis…

DES AUBIERS.

Il n’a rien promis… ou bien, c’était avant que je fusse là.

MARGUERITE.

Est-ce que je me serais trompée ?…

DES AUBIERS.

Oui ! tu dois t’être trompée !… — Marguerite, je t’en prie, ne te mêle plus de ça. — Permets-moi de croire que je m’entends à ces choses-là mieux que toi… Je vais le voir !

MARGUERITE.

Mais tu parais troublé ?…

DES AUBIERS.

Non ! je ne suis pas troublé du tout ! je pense seulement que, dans un moment de dépit, Cyprien pourrait s’engager trop avant avec cette maîtresse… J’ai un prétexte pour y aller : — Marsac qui est là ! — et j’y vais.

MARGUERITE.

Et tu ne veux pas que je m’en mêle ?

DES AUBIERS, affectant la gaieté.

Non ! fais-toi belle. Je t’avertis que, si tu n’es pas en blanc ou en rose tantôt, je ne dîne pas à la maison.

MARGUERITE.

Quel enfantillage !… Tu me voudrais coquette !

DES AUBIERS.

Non pas ! mais je veux que tu paraisses jeune.

MARGUERITE.

Plus jeune que toi ? Je ne veux pas, moi !

DES AUBIERS.

Ah çà ! j’ai donc l’air vieux, décidément. Je n’ai que quarante-cinq ans, que diable ! d’ailleurs, je ne crains pas que l’on te fasse la cour.

MARGUERITE.

C’est galant, cette sécurité-là ! Tu ne crains rien du tout ?