Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/336

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trop tard pour refuser. Vos créanciers sont peu disposés à rendre ce qu’ils ont reçu ; vous n’en avez plus qu’un, c’est moi, et celui-là a le temps d’attendre.

LE DUC.

Misérable que je suis ! Pourquoi… ?

URBAIN.

Pourquoi n’avoir pas cédé à la tentation de vous brûler la cervelle ?

LE DUC.

Eh bien, oui ! j’aurais dû le faire.

URBAIN.

Ajouter un crime irréparable à de réparables folies ? Si vous n’aimez personne, il y a encore des gens qui vous aiment.

LE DUC.

Il y a ma pauvre mère, c’est vrai !

URBAIN.

Et puis…

LE DUC.

Et puis qui ?

URBAIN.

Votre valet de chambre… et moi.

LE DUC, se jetant dans ses bras.

Ah ! mon frère !…

URBAIN.

Allons, mon ami, ne parlons plus de cela. J’ai fait pour vous ce que vous eussiez fait pour moi.

LE DUC.

Non, je n’aurais pas su, je n’aurais pas pu le faire ; ma destinée est de nuire ! Ah ! mon frère !… mon frère ! sais-tu que je t’ai toujours mal aimé ?

URBAIN.

Je le sais. Je me l’explique par la différence de nos organisations ; mais le moment est peut-être venu de s’aimer mieux.