Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/389

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CAROLINE.

Fabriqué ?… Non ! Léonie a une qualité à laquelle madame votre mère rend justice : elle ne ment jamais.

LE DUC.

C’est vrai ! (Caroline remonte au fond à droite.) Seulement, quand elle a bien constaté l’innocence des gens, il n’y a plus qu’une opinion sur leur compte.

CAROLINE.

Laquelle ?

LE DUC.

C’est qu’ils méritent la corde.

CAROLINE.

Ah ! elle a peut-être le jugement faux, mais elle a le cœur sincère !

LE DUC, se levant.

Sincère, sincère !… mais les bons crocodiles aussi ont le cœur sincère ! (Voyant que Caroline ne l’écoute pas, il va s’asseoir sur le canapé.) Mademoiselle de Saint-Geneix !

CAROLINE.

Monsieur le duc ?

LE DUC.

Comme vous voilà absorbée ! Vous travaillez comme ça en sortant de dîner ? Vous ne vous reposez donc jamais ? Vous avez un courage… agaçant !

CAROLINE, gaiement, s’approchant du duc.

Voyons, vous vouliez faire un léger somme ici, monsieur le duc, et mon bruit vous dérange ? Mais c’est le dernier jour ; demain, l’inventaire sera fini, et vous ne serez plus importuné de ma présence aux heures de la sieste.

LE DUC, se levant vivement.

Ah ! ça veut dire : « Vous êtes étendu là, sur le canapé, tandis que, moi, je suis debout. »

CAROLINE, allant s’asseoir à gauche.

Je n’y pensais pas du tout !