Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/415

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URBAIN.

Vous avez du cœur et du courage ? Prenez garde ! vous souffrirez beaucoup.

DIANE.

Je ferai des ingrats ?

URBAIN.

Oh ! certainement.

DIANE.

Même en donnant ma liberté, ma fortune, ma vie pour sauver quelqu’un ?

URBAIN.

Mademoiselle de Saintrailles, ne donnez tout cela qu’à un homme qui vous aimera passionnément.

DIANE.

Et il ne sera pas ingrat, celui-là ?

URBAIN.

Peut-être que si ; mais, du moins, il n’aura pas été lâche en acceptant vos sacrifices.

Il s’éloigne un peu à gauche.
DIANE.

Monsieur de Villemer, je vous remercie de votre franchise ; mais je suis destinée à vivre dans le monde et je ne le vois pas si noir que vous dites. Je me dévouerai, parce que c’est mon rêve, mon idéal, mon poëme ; chacun a le sien ! J’ai voulu tout de suite choisir le plus beau. Je ne m’inquiéterai pas de l’avenir ; je suis peut-être une force que Dieu veut employer ! J’irai droit devant moi, j’écouterai parler mon cœur, je guérirai au besoin celui des autres, et je serai heureuse, parce que je veux être bonne. Bonsoir, monsieur de Villemer ; merci pour vos herbiers, je les attends demain.

URBAIN, allant à Diane.

Vous les aurez. Pardonnez-moi de dire des choses tristes, et de vous avoir montré ma misanthropie. Voilà comme on fait le mal… en sachant que c’est le mal !

DIANE.

À la bonne heure, je réponds de votre conversion.