Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/438

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URBAIN, transporté.

Ah ! mon frère, que j’en suis heureux !

LE DUC.

Et moi, donc ! Mais comme c’est drôle ! Je suis né coiffé, ma parole d’honneur ! Croyez donc à la justice distributive en ce monde ! Moi, ruiné, usé… (Il se lève.) Qu’est-ce qui a dit ça ? Je suis jeune, je suis pimpant, je suis leste, je suis éblouissant ! J’ai beau me déguiser, m’effacer, me tenir dans mon coin, il y a en moi ce je ne sais quoi qui veut que tout me réussisse, et qu’après avoir tout gaspillé, je trouve une fille charmante, une fleur de printemps, une âme pure, généreuse, avec un grand nom et avec une grande fortune qui l’élève encore, puisqu’elle s’en sert pour me sauver l’honneur !

URBAIN.

Comment cela ?

LE DUC.

Tu ne le devines pas, toi, mon cher créancier ? (Mouvement d’Urbain.) Il n’y a pas à dire non ; mon honneur est celui de ma femme. Elle voulait rembourser ma mère aussi ; c’est ma mère qui n’a pas voulu. Chère mère ! à nous trois, quelle existence splendide nous lui ferons !… Et toi, qui te sacrifiais, on n’a plus rien à te demander que d’être heureux. — Mademoiselle de Saint-Geneix, tout le monde ici vous respecte et vous aime ; il ne vous manque, pour être tout à fait la fille de ma mère, que d’être la femme de son fils, et, quant à son fils, vous savez bien, ma chère sœur, qu’il vous adore ? Dites un mot, tendez-lui seulement la main, et voilà deux beaux et bons mariages décidés en un quart d’heure.

CAROLINE.

Mais… je proteste… Je…

LE DUC.

Comment ?

URBAIN.

Ah ! Gaétan, tu le vois ! C’est ma faille, je n’ai pas su me faire aimer !