Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/112

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MYRTO.

Mercure est le dieu de l’éloquence trompeuse ; ne parle pas comme lui ! Donne-moi seulement le moyen de désarmer la

destinée ! Celui que j’aime… tiens, le voilà !

, (Bactis passe au fond portant une gerbe.)
MERCURE.

Qu’ai-je vu ! un esclave ? (Bactis s’arrête au moment de disparaître : masqué par quelques arbustes, il écoute.)

MYRTO.

Le captif que j’ai cru détester d’abord, parce qu’il évitait mon regard et semblait rougir de colère quand j’avais surpris le sien ; oui ! un esclave que j’aurais voulu soumettre et qui bravait mes menaces, un jeune sage qui me dédaigne ou se méfie… ou plutôt… Non ! c’est un dieu condamné comme Apollon à garder les troupeaux, c’est quelque jeune et brillant immortel plié sous la chaîne de la servitude ?

MERCURE.

Jeune fille, crois à l’amour et ne perds pas l’espérance. Regarde ce vieillard endormi !

MYRTO, apercevant Plutus.

Ah ! cet homme si laid ?

MERCURE.

Ce jeune captif que tu aimes est un simple mortel, et ce triste vieillard est un dieu.

MYRTO.

Je ne te comprends pas.

MERCURE.

Tu me comprendras plus tard, quand tu verras que ce dieu-là peut tout. Prends soin de te le rendre favorable. Je le laisse à ta garde, car il est aveugle. Dès qu’il sera éveillé, conduis-le dans la maison d’un certain Chrémyle.

MYRTO.

Chrémyle ? C’est mon père, et sa maison est là tout près.

MERCURE.

Alors, ma commission est faite, et je peux m’en aller à mes