Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/126

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CHRÉMYLE.

Par Minerve ! toute méchante que tu es, tu dis des choses vraies. Il n’en est pas moins certain que tous les hommes te fuient.

LA PAUVRETÉ.

Parce que je les rends meilleurs. Est-ce que les enfants ne fuient pas les salutaires leçons de leurs parents ? est-ce que les humains connaissent aisément ce qui leur conviendrait le mieux ?

CHRÉMYLE.

Que Jupiter et tous les dieux réunis confondent ton bavardage incommode ! Tiens, en voilà assez ! va te faire pendre et ne me dis plus rien ; car tu auras beau chercher à me persuader, tu n’y réussiras jamais ! Tais-toi et va-t’en !

LA PAUVRETÉ.

Un temps viendra où vous me rappellerez

CHRÉMYLE.

Alors, tu reviendras ; mais, pour le moment, je veux être riche et faire bonne chère avec ma famille. Je veux me baigner, me parfumer, oublier mes peines et me moquer de toi ! (La Pauvreté disparaît. — À Carion.) Allons vite trouver Esculape ! Entrons à la maison pour prendre des couvertures, des offrandes, et tout ce qu’il faut. Nous remettrons à demain nos convives, et chacun passera la nuit dans l’attente du bonheur.

CARION.

Allons, Plutus, en route ! Par Mercure, il dort tout debout !

CHRÉMYLE.

Fais-le marcher ; tire, pousse, allons ! (Ils sortent.)