Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/148

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CHRÉMYLE.

Oui, au fait, c’est un homme de guerre, lui ; mais il est devenu bon laboureur, et je tiens à le garder.

MYRTO.

Voyez comme cette bourse est lourde ! Avec une pareille rançon, vous aurez deux autres serviteurs, et vous y gagnerez encore.

CHRÉMYLE, prenant la bourse et regardant le contenu.

Eh bien, autant vaut que je te débarrasse de cela ! Ce n’est pas que j’en manque, à présent ; mais tu pourrais te le laisser dérober ou le dépenser en vaines parures… Va, délivre ce Bactis, j’y consens.

MYRTO, l’embrassant.

Merci, mon père ! (À part.) Grâces te soient rendues, ô Amour ! le sinistre oracle de la Pauvreté est conjuré, j’espère. (Elle sort.)


Scène VIII

CHRÉMYLE, seul.

Par Esculape ! non, par Mercure ! j’ai trouvé là une belle idée. Je vais donner la moitié de cette bourse à la république pour ma contribution de guerre, et, avec l’autre moitié, j’achèterai un autre esclave. De cette façon-là, il ne m’en coûtera rien du tout.


Scène IX

CHRÉMYLE, MERCURE.
MERCURE.

Eh bien, as-tu réfléchi ?

CHRÉMYLE, enjoué.

Oui, pourvoyeur de Mars ! j’aime mieux donner de l’argent. Comptons cette somme. Reçois-en la moitié et laisse-moi tranquille.