Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

courroux des dieux, s’est hâtée de jeter tous tes trésors dans le fleuve. Les flots emportent maintenant à la mer tes richesses d’un jour.

CHRÉMYLE.

Ô imbécile de femme !

MYRTO.

Mon père, elle a bien agi ; elle a désarmé Jupiter et préservé votre tête de la foudre.

BACTIS.

Chrémyle, il te faut prendre courage ; nous recommencerons tous à travailler.

CHRÉMYLE.

Il le faut bien ; allons, enfants, à l’ouvrage ! Tâchons de courir après nos gerbes et de sauver ce qui nous reste.

BACTIS.

Allons !

LA PAUVRETÉ, l’arrêtant.

Non, pas toi, si le cœur ne t’en dit pas, car tu es libre.

CHRÉMYLE.

Libre ?

LA PAUVRETÉ.

Plus que libre ! Il est citoyen de l’Attique !

MYRTO.

Ô dieux immortels ! Comment le sais-tu ?

LA PAUVRETÉ.

En ce moment, le sénat prend une décision dont l’histoire gardera le souvenir. Voulant, à ce qu’il semble, humilier l’orgueil de certains riches, qui n’ont envoyé à la flotte que leurs esclaves, et désirant encourager les braves quels qu’ils soient, les magistrats d’Athènes m’ont interrogée, et, sur ma réponse, ils ont rendu un décret qui élève à la dignité de citoyens tous ceux dont les noms sont inscrits sur la voile triomphale du combat des Arginuses.

MYRTO, à Bactis.

Hélas ! tu vas nous quitter ?