Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/187

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DURAND, vivement.

N’est-ce pas ? Figure-toi qu’il y a là une dent fossile… Je m’imagine qu’il y aura une mâchoire entière, et que ce pourrait bien être le… Mais tu ne m’écoutes pas, tu parais souffrante !

LOUISE.

Non, monsieur.

DURAND, regardant le pavé.

Si c’était ce que je pense,… ce serait une rareté… Mais tu es triste, et cela m’ôte la joie du cœur. Tu travailles trop, je parie !

LOUISE.

Moi ? ! Il me semble, au contraire, que je ne fais rien pour vous payer de vos bontés. Après ce que vous avez fait pour moi, m’élever, m’instruire, me traiter toujours si doucement, avoir recueilli et soigné ma pauvre mère jusqu’à son dernier jour… Ça, voyez-vous, une pauvre femme que tout le monde repoussait et que vous m’avez appris à aimer et à respecter malgré tout le monde… Après une chose comme ça, si je n’avais pas bonne envie de vous servir et de vous soigner quand vous serez comme elle vieux et infirme…

DURAND.

Moi ? Je ne serai jamais infirme. Avec la vie active et sage que je mène…

LOUISE.

Tant mieux ! Mais je voudrais que vous eussiez besoin de moi : vous verriez si je me souviens !

DURAND.

Toi ! tu es un ange, et je suis loin d’avoir fait pour toi ce que j’aurais dû faire. Je t’ai vraiment négligée jusqu’à présent. Je ne voyais pas combien tu es intelligente. Je te traitais comme une paysanne ordinaire. Je te tenais à distance, derrière la porte pour ainsi dire, me persuadant que c’était assez de t’assurer le bien-être matériel, ne devinant pas que ton esprit avait besoin de culture et qu’un jour je pourrais causer avec toi comme avec une amie. Oui, oui, je mérite des