Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/204

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COQUERET, très-sombre.

C’est bien, monsieur, on y va.

DURAND.

Attends ! tes gages !…

COQUERET.

Merci, je n’en ai pas besoin, (Il sort.)


Scène XVI

DURAND, LOUISE.
LOUISE, courant après lui.

Jean ! écoute… écoute donc !

DURAND, la prenant par le bras avec violence et la faisant rentrer.

Laisse-le partir ! De quoi te mêles-tu ? Quand je te débarrasse d’un bavard et d’un menteur dont la sotte langue te déshonorait !…

LOUISE.

Il ne l’a pas fait à mauvaise intention, monsieur. Vous voyez bien qu’il a perdu la tête ! Pauvre garçon ! Il vous servait bien, il vous aimait. Sa simplicité vous divertissait plus souvent qu’elle ne vous impatientait… Vous le regretterez, monsieur ! Et qui sait si vous ne vous reprocherez pas… ?

DURAND.

Qu’est-ce que j’aurai à me reprocher ? Voyons ! tes regrets ? Ils sont donc bien grands ?

LOUISE.

Il ne s’agit pas de moi, monsieur ! Je ne vous parle jamais de moi, je ne vous ai jamais rien demandé pour moi !… Mais, pour vous-même, ne dois-je pas… ? N’est-ce pas bien sévère de renvoyer un bon sujet qui vous sert avec franchise depuis dix ans… depuis son enfance, pour une seule faute, pour un petit mensonge qui ne vous fait aucun tort, et dont moi seule aurais le droit de me fâcher ?