Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/223

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y a une très bonne scène entre lui et Pérégrinus. Il le blâme de ses manies et lui dit les choses du monde les plus sensées pour l’en guérir ; mais, dès que Pérégrinus lui répond avec douceur : « Pardonne-moi ! ces manies sont des fleurs que je répands sur ma vie, laquelle autrement ne me semblerait plus qu’un champ triste et stérile, couvert d’épines et de chardons ! — Que parles-tu de chardons ? s’écrie George avec violence. Pourquoi les méprises-tu ? Ignores-tu que le cactus grandiflora appartient à cette famille ? Et l’aloès zéhérit n’est-il pas le plus beau cactus qui soit sous le soleil ? Pérégrinus, je te l’ai longtemps caché, parce que longtemps je l’ai ignoré moi-même, mais apprends que je suis moi-même l’aloès zéhérit ! »

C’est ce côté humain, à la fois plaisant et sérieux, qui place les contes d’Hoffmann au-dessus des purs caprices de l’imagination. On peut donc les prendre sous un de leurs aspects, et trouver encore dans celui de la réalité un élément comique ou attendrissant. Le côté principalement artiste et merveilleux a été mis en scène avec succès. Les Contes d’Hoffmann, drame fantastique représenté à l’Odéon il y a quelques années, était un ingénieux résumé des caprices les plus originaux du poëte. L’humble fantaisie à quatre personnages que nous avons appropriée aux moyens très-restreints d’un théâtre de famille devait s’attacher plus particulièrement à développer, après une certaine transformation permise, les caractères si bien ébauchés et si heureusement indiqués par Hoffmann. Il ne nous était pourtant pas possible de supprimer absolument le merveilleux, et, tout en nous bornant à ce qui était réalisable sur une très-petite scène, nous avons fait intervenir les esprits familiers dans cette évocation qui est le début du roman de Pérégrinus. Ce point de départ nous a suffi pour imaginer un ensemble d’action et une succession de scènes intimes qui ont intéressé quelques artistes autour de nous, et qui leur ont paru dignes d’être bien dites et bien écoutées. Ceci, il ne faut pas l’oublier, n’ayant pas la prétention d’être un ouvrage de théâtre, permet une liberté