Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/225

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nale ou d’un emploi funeste. On saura de plus en plus comment le mot, la situation, l’effet, la physionomie, le geste, la voix, doivent porter aux extrémités d’une vaste enceinte ; mais, devant cette nécessité qui nous mènera peut-être jusqu’au masque, au porte-voix et aux échasses du théâtre antique, le sentiment délicat des choses, le génie individuel de l’acteur, sa grâce ou son charme naturels deviendront nécessairement des qualités inutiles. Déjà les voix ne résistent plus aux conditions des grands opéras ; déjà, sur les grands théâtres, le jeu des acteurs est devenu une convention inévitable qui ne produit pas la même satisfaction de près que de loin. Rachel, Rachel elle-même, brisant les dernières cordes de son admirable instrument pour remuer toutes les ondes de son public, était, vue de la coulisse, une victime de l’épilepsie. Mademoiselle Déjazet, cette merveille de finesse, dure et durera encore, parce qu’elle a toujours gagné à être vue et entendue de près. Donc, les vraies individualités ont besoin du petit temple grec et périssent dans le vaste cirque byzantin.

Nous voilà bien loin de la bluette allemande qu’on va lire, mais il n’est pas de si humble sujet qui n’ait ses déductions utiles à rappeler.