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Scène VIII

NANNI, MAX, PÉRÉGRINUS.
PEREGRINUS, enveloppé d’une douillette, cheveux blonds en queue bouclée, figure calme, rose et souriante, habits bourgeois en velours de fantaisie, couleurs douces. Toilette modeste et soignée. À Max, en entrant. )

Mais oui, mais oui, ça va très-bien, je te l’ai déjà dit. Mais qui donc a cassé la porte ? (Voyant Nanni, avec une émotion contenue.) Ah !… vous êtes là, ma chère demoiselle Lœmirt ?

MAX.

Lœmirt ? Ah ! oui, c’est mon vieux relieur ?

PÉRÉGRINUS.

Un digne homme, un très-habile artisan, un artiste, on peut dire !

NANNI.

Je vous ai descendu tantôt votre gros volume, monsieur Tyss.

PÉRÉGRINUS, qui a ôté dans un coin sa douillette et ses guêtres.

Lequel ? Ah ! mon Traité de mécanique… Quoi ! déjà relié ?

NANNI, lui présentant le livre.

Oui, nous savions que vous ne pouviez pas en être privé longtemps ; nous y avons travaillé tard la nuit dernière.

PÉRÉGRINUS, ému et timide.

Vous aussi ? vous-même, mademoiselle Nanni ?

NANNI.

Oh ! quand c’est de l’ouvrage pour vous, mon père ne veut pas d’autre apprenti que moi pour l’aider. Il dit que vous n’aimez pas les lettres qui ont bu, c’est-à-dire qui dansent tout de travers dans le dos d’un volume comme des gens ivres.

PÉRÉGRINUS, examinant.

Vous travaillez dans la perfection, mademoiselle Lœmirt, et