Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/329

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DESŒILLETS, après force révérences.

Je me rends aussi à Paris par Lyon, grâces rendues à vos bontés, monsieur Marielle.

MARIELLE.

Je pensais que vous nous eussiez devancé de beaucoup ?

DESŒILLETS.

Hélas ! monsieur, la maladie de ma femme m’a contraint de séjourner à Briançon, où force m’a été de la laisser à moitié rétablie, avec mes pauvres enfants. (Baissant la voix.) Je leur ai donné, pour subsister, la somme que votre libéralité m’avait octroyée, et je suis parti seul et à pied pour trouver quelque emploi qui me permette de les faire venir.

MARIELLE.

Pauvre vieux ! le voyage est rude à nos âges ! Asseyez-vous, Desœillets, et mangez. (Baissant la voix.) Tout à l’heure nous verrons à vous fournir de quoi payer le coche.

DESŒILLETS.

C’est trop d’honnêtetés, monsieur, vous êtes un dieu pour moi !

FLORIMOND.

Ne mettez point les bouteilles de son côté ; je n’ai pas fini de boire, moi !

SYLVIA.

Que vous êtes cruel, Florimond ! ce pauvre homme ne boit que de l’eau.

DESŒILLETS.

Vos Seigneuries représenteront à Lyon, je suppose, durant quelques semaines ? Elles y trouveront un beau théâtre tout neuf, en demi rotonde, avec des loges comme au Petit-Bourbon. Ah ! ce n’est plus le vilain jeu de paume des provinces ! Mais votre troupe de comédie n’est point au complet ?

MARIELLE.

Plusieurs des nôtres sont en avant ; selon ma coutume, je voyage avec ma petite famille, mon vieux Ergaste, mon cher Fabio…